Paru en 2011, le livre « les addictions » de Gérard Feldmann se donne pour mission de répondre à 25 questions décisives.
Le texte en italique est mon propre commentaire de ce résumé de chapitre.
Professeur émérite à la faculté de médecine Xavier-Bichat (Paris), Gérard Feldmann a été président départemental de l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie. Cet ouvrage a été écrit en collaboration avec Marc Horwitz, journaliste spécialisé en santé publique.
Je trouve utile de lire à différentes sources les idées et expériences des uns et des autres. Ici nous avons à faire à un enseignant et un journaliste.
« Cyberdépendance » est un terme apparu en 1996 par Kimberly Young (psy américaine). Existe aussi le terme « trouble de dépendance à internet (TDI) ».
Déf : besoin irrésistible et obsessionnel de se connecter à la recherche d’informations et de relations. Recherche du plaisir et fuite ses angoisses.
Addiction sans substance (je ne suis pas d’accord), mais pas sans produit (ordinateur, console, tablette, smartphone…).
La substance est l’énergie émotionnelle et psychique (traduite dans le corps) suscitée à l’image, le son, le texte, l’interaction… Nous sommes sensibles à ces contenus, sinon, la TV, internet, les photos n’auraient aucun succès (voir article : Pourquoi aimons-nous vivre par procuration et comment équilibrer ce besoin ?).
Si le « cyberaddict » n’arrive pas à se connecter, il éprouve les mêmes symptômes liès au manque d’alcool pour l’alcoolique ou de tabac pour le fumeur.
La cyberdépendance est bien présente chez les 20-50 ans avec les jeux en réseau (Wargames, World of Warcraft…).
Pour les jeux vidéos, ce sont surtout les enfants et les adolescents, qui les abandonnent en majorité à 17 ans.
Une des plus fortes cyberdépendance est celle concernant la recherche de relations en ligne : cyberbavardage, facebook, forums… Qui éloigne les individus des vraies relations.
Evidemment, la liberté de tout dire, de donner libre cours à son imagination sans être rejetté, la possibilité de zapper les individus, d’en trouver pleins à bout de clics, de tisser plusieurs intrigues, d’oser faire ce qu’on ne ferait pas dans la réalité, de pouvoir exprimer ses non-dits à des personnes que l’on ne voit pas ou l’on ne connaît pas.
J’ai facilement constaté que dans le métro, la plupart des gens préfèrent leur cyber-univers personnel via leur smartphone, plutôt qu’être attentif et présent aux autres. Cela va jusqu’à ignoré les autres, tellement ils sont dans leur « bulle ».
La cyberpornodépendance, dont les adolescents font parti.
Ce qui est normal si les parents leur laisse un smartphone et un accès internet à la maison sans contrôle parental.
Les auteurs ne savent pas à partir de quand on devient cyberdépendant (alors que c’est très facile à savoir, voir mon article sur Comment savoir si je suis cyberdépendant.e).
Ils avancent les chiffres de 2 à 7 heures par jour. A mon avis, c’est un critère mais il n’est pas décisif, car une personne non dépendante peut très bien surfer, 2h par jour sur son smartphone. Regarder un film dans le métro pendant 1 heure, et regarder la TV de 20 à 0h. Et le vivre bien. Elle n’a pas fait de nuit blanche, elle sait s’arrêter si elle le veut, cela ne nuit pas à sa vie génale, elle n’en souffre pas.
Les facteurs entrant en jeu :
> Vie professionnelle. J’aurai ajouté stress (pression) et conflits intérieurs (ne pas me sentir à ma place) et extérieurs (conflit avec des collègues).
> Vie de famille perturbée.
> Solitude.
> Temps libre. Eh oui !
> Chômage.
Etc…
La cyberdépendance est en augmentation sensible.
C’est évident et cela augmente avec les confinements imposés par l’état et par le progrès technologique (réalité virtuelle) qui rend cette cyber-réalité beaucoup plus fun que la réalité elle-même.
Quelques signes peuvent nous faire penser qu’une personne est cyberdépendante :
> Sécheresse des yeux due à une fixation prolongée de l’écran
> Maux de tête et migraine dus à sa luminosité
> Maux de dos et d’épaule dus à une mauvaise posture (prolongée)
> Amaigrissement, conséquence de l’oubli de se nourrir
> Insomnies par rupture du cycle de sommeil
> Impossibilité de s’endormir à cause de l’excitation
> Déni, mensonges d’un usage excessif d’internet (des écrans)
>Isolement social, familial (et amoureux)
> Réduction des capacités mentales : concentration, mémoire
> Angoissé quand il est privé de connexion
> Anxieux et irritable à l’idée de ne pas trouver d’ordinateur (d’écrans. D’être seul face à lui-même, et aux autres).
Profils :
Adolescents : jeux en ligne et en réseau
Adolescentes : réseaux sociaux
Hommes : jeux de guerre ou de rôle. Jeux d’argent et de hasard.
Jeunes femmes et femmes : rencontres amicales ou amoureuses virtuelles. Achats en ligne compulsifs.
Causes :
Adolescent : S’inquiétant de sa vie adulte, il y fuit son quotidien. Rechercher une autonomie vis-à-vis de ses parents, de sa fratrie. Le danger est qu’il se construise une personnalité virtuelle à laquelle il s’identifie de trop.
L’homme qui joue aux MMORPG (MassivelyMultiplayerOnline RolePlaying) cherche à se dépasser intellectuellement, à être reconnu comme le meilleur et à recevoir une récompense.
La récompense est une composante essentielle de l’addiction.
La femme : ennui, isolement, départ des enfants expliquent la recherche du « soulagement » virtuel.
Convaincre le « cyberaccro » de faire une autre activité est difficile. Les mises en garde ne suffisent pas et la personne dépendante doit se prendre en charge.
Il est suggéré une thérapie cognitivo-comportement ou une analyse longue. Afin d’attaquer les causes profondes.
Les auteurs redoutent que cette dépendance s’accroît d’autant plus qu’ils affirment que les « pouvoirs » publics et mondiaux ne bougent pas d’un iota.
Mon avis :
Article sympathique mais il manque des références lorsque des chiffres sont cités. Manque de certitudes, et trop court (mais c’est le format du livre qui veut cela).
Spontanément, je crois que la cyberdépendance est l’addiction du XXIème siècle car elle est assez récente.
Cela combiné au fait que nous dépendons de plus en plus d’internet pour survivre (comptes bancaires, administratif, météo…) et que la propagation des smartphones et autres objets connectés est puissante.
De plus en plus de pans entiers de la société fonctionnent avec internet désormais. Nous sommes donc tous de plus en plus fortement exposés aux écrans, à leur facilité d’utilisation et à l’abondance de contenus ! Que nous pouvons créer du reste nous-même.
Nous prenons alors goût à consulter tous types de contenus pendant des heures, à nous nourrir d’images et de vidéos, à rester dans le cadre sécurisé de notre micro-univers hyper individualisé ce qui est bien confortable. A jouir du pouvoir de zapper à peu près quasiment tout. Donc cela donne un sentiment d‘hyper contrôle.
Des dépendances existantes avant les écrans et internet, battent leur plein avec ce dernier : achats compulsifs, manger devant les écrans, sexe, relations, travail, recherches compulsives d’informations, jeux…
Au plaisir de lire vos vécus, idées et propositions.